La maquette numérique BIM
La maquette numérique BIM pour les thermiciens par Jérôme Fauconnet (FISA)
Tout le monde ne parle plus que de la technologie BIM, l’outil de modélisation 3D révolutionnaire pour l’ensemble des corps professionnels du bâtiment. Il était donc impérieux de recueillir le témoignage de la société FISA, bureau d’études thermiques créé en 1985, spécialisé dans les solutions logicielles pour le génie climatique, et devenu leader français dans ce domaine.
BIM, plus qu’un outil
Pour Jérôme Fauconnet, son Président Directeur Général, “BIM est ce dont on a toujours rêvé !” Cette technologie modélise toutes les données d’une construction depuis sa conception jusqu’à sa maquette numérique BIM, ce qui constitue déjà une belle avancée. Mais son atout majeur réside dans la possibilité d’informer chacun des composants du projet sur ces caractéristiques techniques. De fait, toutes les phases de la construction s’y trouvent intégrées, permettant à chaque corps de métier impliqué de recueillir et de renseigner les informations dont il a besoin. Plus qu’un outil logiciel, c’est une méthode qui révolutionne le process de travail et permet tout à la fois de concevoir, visualiser, simuler, planifier et collaborer tout au long du cycle de vie du projet.
La maquette numérique BIM est donc aussi une gigantesque bibliothèque de données jusque dans ses moindres détails : à l’ère du crayon, quand le technicien dessinait une gaine, et libre ensuite à l’équipe d’interpréter ses dimensions et caractéristiques techniques. Dans le nouvel âge BIM, des modules de portes, fenêtres ou gaines sont proposés, et il est possible de renseigner directement dans le logiciel ses dimensions, son débit, des informations sur le fournisseur, etc. C’est là que le deuxième terme du sigle BIM, “Building Information modeling”, prend tout son sens.
La maquette numérique BIM, une technologie souple pour tous les logiciels
Techniquement, BIM est une base de données (BDD) métier structurée par des catégories (murs, façades, radiateurs…), associées entre elles de manière intelligente. La BDD peut être liaisonnée à un logiciel existant ou être chargée depuis des logiciels spécialisés comme ArchiCad et Allplan pour les architectes, ou encore Revit qui propose aussi des versions spécifiques pour les éléments de structure et la modélisation des réseaux (ventilation, électricité, sanitaire, etc.). Le BIM peut être enrichi continuellement, et alimenté à partir de scans 3D, ensuite modélisés puis informés, afin d’obtenir une maquette numérique BIM imprimable et exportable.
“Trois fois moins de temps à saisir les données du bâtiment pour la thermique”
Le gain de temps est considérable et le système évolutif : à partir du moment où les éléments de maquette sont renseignés, le BIM facilite l’audit énergétique en automatisant les calculs de déperditions et de charge de climatisation. Il est capable de combiner les calculs liés aux contraintes réglementaires des RT 2005, 2012 et RT Ex. Le logiciel Visual TTH par exemple interroge la base de données BIM, récupère les règles de la RT 2012 et propose des solutions qui s’intègrent directement dans la maquette numérique BIM. Il permet aussi de visualiser les zones de surchauffe d’un bâtiment et d’en mesurer la consommation d’énergie en quelques clics.
Numériser c’est aussi s’autoriser les simulations. Le bureau d’études énergétiques peut dresser plusieurs scénarios d’ajustement des performances en fonction du budget, et trouver des optimums.
On estime qu’il faut trois fois moins de temps pour saisir les données du bâtiment pour la thermique. Le gain en terme de coût d’exploitation est considérable : une économie évaluée à 3€/m2/an. En utilisant Revit, Airbus aurait rentabilisé en six mois son investissement dans le logiciel sur l’entretien des locaux (renégociation des contrats). Et grâce à une meilleure conception de départ, 20% d’économies seraient réalisées sur le coût global du bâtiment.
La maquette numérique BIM, un outil collaboratif qui inscrit le secteur du bâtiment dans le long terme
Autre point essentiel et qui fait la différence sur le marché : l’intégration du client dans le processus de réalisation. A tout moment, celui-ci peut visualiser la maquette et se projeter certes virtuellement, mais toujours plus concrètement, dans ce plan en 3D où il se promène désormais à sa guise. Il peut ainsi réagir plus facilement dès la conception, supprimant le risque d’un travail de Pénélope du faire et du défaire.
Sans coût supplémentaire, une fois les travaux finalisés, la maquette numérique BIM peut lui être transmise sous différents types de formats. C’est un véritable moyen pour le client d’inscrire son bâtiment dans la continuité sans perte de données, lorsque des besoins de maintenance ou de restructuration feront jour des années plus tard, comme pour un hôpital. Grâce à cet argument, Stéphane Arlandis, directeur du bureau d’études en efficacité énergétique CT3E, a remporté un marché pour l’audit énergétique de 11 000 logements sociaux dans les départements de l’Aube, de la Marne et de l’Yonne.
Notons aussi que la fonction collaborative du BIM permet à plus de 10 000 professionnels (plomberie, électricité, thermique, etc.) de travailler simultanément sur une même maquette numérique BIM.
Enfin, ce processus permet d’ores et déjà de mieux concevoir les bâtiments en optimisant sa construction, le confort et les consommations énergétiques.
Perspectives
Révolution numérique et révolution des objets avec l’imprimante 3D : un jour très proche, un particulier pourra extraire de la maquette le plan de sa fenêtre, et en imprimer dans un FabLab le pignon défectueux. Un jour très proche, un industriel disposera d’un parc d’imprimantes 3D. Ces imprimantes seront connectées à une maquette numérique BIM d’un complexe hôtelier implanté à Dubaï, et recevront les caractéristiques techniques des gaines pour les imprimer en série.
Propos recueillis par Aurélie Mydlarz, rédactrice web pour DEVEKO, Infodiagnostiqueur, Inforenovateur.