Champagne Serge Mathieu, un vignoble 2.0
Un patrimoine viticole à préserver
Implanté depuis le XVII siècle à Avirey-Lingey, le champagne Serge Mathieu a vu se succéder plus de sept générations de vignerons à la tête de son domaine. Co-géré aujourd’hui par Isabelle Mathieu et Michel Jacob (dans la famille Mathieu, je demande la fille et le gendre), l’entreprise viticole emploie 7 salariés et vend annuellement 100 000 bouteilles à 600 clients. Ancrée dans le terroir champenois, la maison de champagne exporte désormais 90% de sa production dans 33 pays, dont le Népal ! Au cœur du chai et des vignes, la vision écologique de la viticulture meut depuis longtemps les gérants. Depuis 2 ans, le champagne Serge Mathieu est en conversion bio garant des meilleures pratiques de production, traitement, récolte et champagnisation. Il fallait maintenant trouver des solutions pratiques pour maintenir le 100% bio sans renier ses valeurs et principes.
La technologie au service de l’écologie
Michel Jacob, fervent partisan d’une écologie pragmatique suit depuis plusieurs années ses intuitions et souhaite entrer dans une démarche écologique sûre, accessible à tous. C’est dans cette optique qu’il s’appuie sur des avancées technologiques respectueuses de l’environnement pour prendre soin de son vignoble. Michel Jacob fait appel à des drones pour appliquer des produits phytosanitaires lorsque les conditions d’accès aux vignes ne s’avèrent pas optimales. L’engin cartographie la parcelle, repère les pentes et, en fonction de la météo, tient compte de la praticabilité du sol. L’entreprise Cymdrone de Colombey-les-Deux-Eglises, en partenariat avec l’UTT, accompagne le gérant dans la reconnaissance des maladies de la vigne. En France, seules trois exploitations ont été retenues pour réaliser ces essais via les drones. Ces essais ont duré toute l’année 2021 dans les vignes du champagne Serge Mathieu et suscitent l’intérêt de la chambre de l’Agriculture de l’Aube, de l’Institut français du vin et de la MSA et de l’INRA . La généralisation, dans les autres vignobles, de ces pratiques respectueuses de l’écosystème viticole, économiques, silencieuses et attractives dépendra de la prochaine décision de l’ANSES. L’entrepreneur n’hésite pas à autofinancer ce projet de cœur à raison de 30 K€ et assurera en 2023 le sponsoring de la formation au pilotage de drones de deux de ses salariés.
La technologie digitale pour combattre les virus…de la vigne  !
Initiée, il y a 5 ans, l’utilisation des UV pour soigner les vignes est toujours en phase d’amélioration dans le vignoble avirey-lingeois. Regroupant des ingénieurs, des docteurs en biologie végétale et en physique quantique, l’entreprise UV Boosting se tient aux côtés du viticulteur dans cette démarche hautement technologique nécessitant pas moins de 25k€ (soumis à crédit d’impôt). Des flashes d’une seconde sur les vignes sollicitent la plante pour activer son système immunitaire. Le cep se sent alors plus fort pour lutter contre les maladies et le stress abiotique (déclenché par le gel, la chaleur ou les chocs de températures). Des diodes envoyant des UV sont actuellement placées sur les enjambeurs, mais, au fil des essais, le matériel devrait encore se perfectionner notamment en diminuant le cout énergétique (leds à la place de diodes). Des rendez-vous ponctuels de terrain avec les scientifiques sont organisés et permettent à Michel Jacob de faire un retour sur investissement régulier.
Il est plus que satisfait de concilier procédés de très haute technologie (drones et UV) et pratique écologique de grande envergure (généralisée en Italie, Suisse et Asie du Sud en ce qui concerne les drones). S’impatientant quelque peu de l’inertie de la réglementation, Michel Jacob espère qu’une fois l’autorisation de l’ANSES reçue, il pourra se munir de son propre drone d’épandage tout en poursuivant sa collaboration avec Cymdrone.
Concernant le transformation digitale et l’utilisation de drones, le viticulteur n’a qu’un conseil à donner à ses collègues « GO GO GO » !